le second livre paru grâce aux editions Corps Puce m'a permis de m'immiscer dans le monde du cirque équestre que j'avais eu la chance de connaître grâce à une mission éducation nationale auprès de l'académie du spectacle équestre de Versailles tenu sous la houlette de Bartabas...belle entrée en piste.
Me voici donc un matin de septembre 2012, rôdant autour du cirque Jules Verne d'Amiens, émue et soucieuse de la mission qui m'attend: produire des illustrations destinées à accompagner les poèmes de Dominique Cagnard, Gilbert Desmée, Mario Urbanet et Thierry Méricourt dans un livre "passerelles poétiques".
Errer autour des caravanes de ce monde qui me semble encore endormi, en guetter les odeurs, les premiers bruissements et frémissements animaux. C'est une tête ébouriffée d'un humain qui pointe. Celle de Benjamin Grain, directeur artistique de la troupe qui après un bref exposé du sens de ma présence là, m'autorise à pénétrer dans les coulisses du cirque. Me faire discrète, silencieuse pour ne pas effrayer les chevaux et géner par le déclic ou le flash de l'appareil photo.
Je me pose parmi les fauteuils vides des rouges gradins, yeux grand ouverts, naseaux frémissants, prête à capter, enregistrer ce qui se meut et s'agite là, au milieu de la piste.
C'est un silence ponctué de poudreuses foulées martelées, de mots murmurés ou lancés tels lanières de fouet ponctant l'espace ouvert du cercle où s'imbriquent les pas mêlés de l'homme et de l'animal.
Dans le noir de ma place j'écris sans regarder la page, je dessine, trace. C'est à partir de ces traits que je devrai travailler.
Et plus tard dans la journée, la représentation. Aboutissement offert au public de ces heures de communion et de travail entre l'homme et le cheval.
perspectives cavalières est un spectacle déroutant, envoutant dans lequel le plaisir et une forme de jouissance rare sont offerts au public, qui en feraient oublier si je ne les avais vues, les heures intenses de travail et de patience de ces acteurs du rêve équestre.
et le livre dans tout ça? oui, un livre pour donner à voir, à lire, à garder et à notre façon de faiseurs de mots et d'images donner aussi à réver.
eh bien ce fut un rude travail.
Réapprendre à dessiner un cheval, percevoir sa musculature frémissante sous le pelage, la strcuture osseuse. Dessiner, beaucoup, patiemment à partir de livres, de magazines.
Dessiner jusqu'à en oublier l'exercice de la main et s'en libérer pour trouver le trait juste, la ligne d'encre qui dira l'effort du cheval, l'expression de son visage, la tension sous jascente de sa musculature.
et puis comment dire le cecle de la piste, les visages dans l'obscurité aux aguets? Quel outils, matière, support pour rendre la vitesse, la couleur, l'obscurité et la lumière de la piste?
Chercher, essayer et puis bien sûr l'évidence! le noir! C'est du noir que naît le spectacle, les lumières de la rampe.
Passerelle poétique
avec le cirque équestre
ouvrage collectif
quatre poètes et une plasticienne
Editions Corps Puce et Pöle national cirque et arts de la rue, Amiens
collection Liberté sur Parole